La Guerre des Gaules
Voici comment tout a commencé, c’était avant la naissance de Jésus Christ (av. JC) …
« Gallia est omnis divisa in partes tres, quarum unam incolunt Belgae, aliam Aquitani, tertiam, qui ipsorum lingua Celtae, nostra Galli appelantur. Hi omnes lingua, institutis, legibus inter se differunt. Gallos ab Aquitanis Garunna flumen, a Belgis Matrona et Sequana dividit. Horum omnium fortissimi sunt Belgae, propterea quod a cultu atque humanitate provinciae longissime absunt minimeque ad eos mercatores saepe commeant atque ea, quae ad effeminandos animos pertinent, important proximique sunt Germanis, qui trans Rhenum incolunt, quibuscum continenter bellum gerunt… »
La Gaule entière est divisée en trois régions. Les Belges en habitent une, les Aquitains une autre, ceux qui dans leur propre langue se nomment Celtes et Gaulois dans la nôtre, la troisième. Tous diffèrent par le langage, les institutions et les lois. Les Gaulois sont séparés des Aquitains par la Garonne, des Belges par la Marne et par la Seine. Les plus braves de tous sont les Belges, parce qu’ils sont les plus éloignés de la province romaine, de son luxe, de ses mœurs raffinées, parce que les marchands vont plus rarement chez eux offrir des choses qui amollissent l’âme et parce qu’ils se trouvent à proximité des Germains qui habitent au-delà du Rhin et avec qui ils sont continuellement en guerre… (Livre premier, chapitre 1, versets 1 à 4) Auteur : Jules César.
N’hésitez pas à consulter la carte en latin infra pour localiser les noms des lieux et les tribus gauloises et germaniques impliquées dans la guerre de conquête menée par Jules César …
Chronologie de la conquête de la Gaule par les Romains.
En l’an 59 av. JC : César (100 av. JC- – 044 av. JC) arrive aux affaires à Rome en recevant le titre de consul dans le premier triumvirat (gouvernement à trois) ; il est nommé gouverneur de la province de la Narbonnaise, des Gaules cisalpine et transalpine (sud France et nord Italie actuels) déjà romanisées depuis des années ; en devenant général en chef des armées pour la Gaule, c’est l’occasion pour lui de conquérir ce pays celte pour sa gloire personnelle et pour s’imposer à Rome face à ses deux adversaires politiques.
-58 : Répondant à un appel au secours des Héduens (Haidui), des Gaulois entre Loire et Saône alliés de Rome, César repousse avec succès l’immigration entamée en Gaule Celtique des Helvètes ; la même année, il défait Arioviste Roi des Suèves (Suebi) dans le sud de la plaine d’Alsace mettant ainsi un frein à toute installation durable de tribus germaniques sur la rive gauche du Rhin ;
-57 : Après une longue campagne, César soumet en partie les peuples belges ; les Bellovaques, les Suessions (Suessiones) et les Nerviens (Nervii) sont successivement défaits. La Gaule semble soumise ;
-56 : César part en campagne en Armorique contre les peuples de la mer ; la flotte des Vénètes du Morbihan est détruite ; les Légats (des chargés de mission) de César soumettent les Aquitains ainsi que les peuples du Nord-Ouest de la Gaule ;
-55 : César s’oppose à des incursions armées germaniques en Gaule ; il poursuit les guerriers Usipètes et Tenctheri en Germania en traversant le Rhin à Bonn ou à Cologne sur un pont du génie ; il effectue un séjour exploratif sur la rive droite du Rhin ; la même année, il lance une reconnaissance offensive en Britannia en franchissant la Manche à Boulogne ; au retour, il combat victorieusement les peuples de la Côte ;
-54 : Il lance une deuxième expédition romaine en Britannie ; des soulèvements partiels se déclarent en Gaule dont celui des Trévires (Treveri) sur la Moselle qui causent quelques revers aux Romains : le chef des Eburons (Eburones) Ambiorix (date de naissance inconnue – 053 av. JC) prend la tête d’une insurrection en Gaule Belgique ; il détruira une quinzaine de cohortes romaines et ne sera jamais capturé ;
-53 : César frappe durement ces peuples révoltés : les Trévires mais surtout les Eburons d’Ambiorix dont les terres (entre Meuse et Rhin) seront ravagées et les hommes en âge de porter les armes, exécutés ; la même année, il lance une deuxième expédition en Germanie après une tentative d’incursion des Sicambres, une tribu germanique de la Ruhr actuelle ;
-52 : Le chef arverne Vercingétorix (082 av. JC- 046 av. JC) soulève et fédère contre l’occupant romain de nombreuses tribus gauloises en Gaule Celtique ; il subit un revers au siège d’Avaricum (Bourges aujourd’hui) mais résiste victorieusement au siège de Gergovie ; en pratiquant la tactique de la terre brulée contre un ennemi qui vivait des ressources locales, Vercingétorix espérait l’affaiblir et l’attirer sur un terrain favorable pour le défaire grâce à une supériorité numérique ; il échouera car César arrivera à enfermer l’armée gauloise à Alésia et simultanément à vaincre l’armée de secours ; en septembre de la même année, Alésia est prise ; Vercingétorix se rend, il sera exécuté à Rome six ans plus tard ;
-51 : Les dernières régions révoltées (au pays des Carnutes, dans le Quercy, en Gaule Belgique) seront pacifiées ; en automne toutes les Gaules sont soumises : l’Aquitaine, la Celtique et la Belgique ;
-50 av. JC : C’est la fin officielle de la guerre gauloise ; ces Gaules fraichement conquises deviennent une seule et nouvelle entité qui sera appelée par les Romains : « Gallia Cometa ou Gaule chevelue » et provisoirement rattachée à la Transalpine (au-delà des Alpes) ; dans les dix années qui suivent, il y aura encore des soulèvements gaulois mais ils resteront très mineurs.
-50 à -44 : César combat et défait militairement ses adversaires politiques (Pompée) et réforme les institutions romaines ; il obtient le consulat et la dictature à vie ; il est assassiné le 15 mars 044 av. JC.
C’est là que ça s’est passé…
Qu’en dire ?
Si vous êtes intéressés, procurez-vous donc ce grand classique ; il existe en livre de poche en français, en allemand et/ou en latin…il se révèle passionnant à lire pour beaucoup de raisons :
D’abord parce que c’est le chef militaire en personne qui relate la campagne qu’il a menée ; il convient toutefois de ne jamais perdre de vue que César écrit autant pour la postérité que pour sa propre ambition politique ; il se donnait toujours le beau rôle en tournant les faits à son avantage comme le note l’auteur latin Suétone (1er siècle après JC) dans son ouvrage : la vie des douze Césars ;
Ensuite parce que c’est un ouvrage très documenté et écrit dans un excellent latin d’après les grammairiens de l’époque et d’aujourd’hui ;
Enfin parce qu’il nous apprend beaucoup sur la tactique des belligérants, sur la géographie, les mœurs et les institutions des différents peuples, sur leurs chefs comme Vercingétorix l’Arverne, Ambiorix l’Eburon, Arioviste le Suève ; il s’agit donc aussi bien d’un précis militaire, d’un livre d’aventure, que d’un ouvrage d’histoire/géo voire d’ethnographie.
Nous le conseillons à toute personne jeune ou moins jeune désireuse de connaître sa « patrie » gauloise, germanique, belge, britannique, etc. avant qu’elle ne devienne, siècle après siècle, l’état nation contemporain.
César avait déjà perçu « ce bourgeon naissant » quand il prête les propos suivants à Vercingétorix (De bello Gallico – commentarius VII. Cap.29 vers. 6-7) :
« Nam quae ab reliquis Gallis civitates dissentirent, has sua diligentia adiuncturum atque unum consilium totius Galliae effecturum, cuius consensui ne orbis quidem terrarum posset obsistere. »
« Car il (Vercingétorix) entendait faire entrer dans l’Alliance (contre César) des cités qui jusque-là s’étaient tenues à l’écart. Et alors on verrait la Gaule toute entière animée d’une seule et unique volonté, à laquelle rien au monde ne saurait résister. »
Bonne lecture à tous !
Vincent Fuchs
Les Amis de la Wasenbourg
Janvier 2022